LLMs.txt : le document que les intelligences artificielles préfèrent que vous ignoriez.
Et si, à l’instar du fichier robots.txt, il existait un équivalent pour contrôler l’accès des intelligences artificielles génératives ? C’est précisément le concept du LLMs.txt, une idée proposée par Jérémy Howard, qui pourrait bien transformer les règles d’accès des IA aux contenus en ligne. Ni alarmisme ni triomphalisme, simplement une évolution à observer de près.
Ce qu’il faut retenir :
- LLMs.txt est un fichier conçu pour réguler l’accès des IA génératives aux contenus web.
- Il offre aux éditeurs un moyen de spécifier quelles parties de leur site peuvent être consultées par les crawlers IA.
- Inspiré par robots.txt, LLMs.txt s’adresse spécifiquement aux collecteurs de données pour l’entraînement des modèles linguistiques.
- Bien qu’il soit prometteur, son adoption et son respect par les acteurs de l’IA restent à surveiller.
LLMs.txt : un nouveau panneau de signalisation pour les IA
Pourquoi ce fichier change la donne ?
Les moteurs de recherche ont leurs propres règles depuis des décennies. Le fichier robots.txt permet aux sites de définir ce qui peut ou ne peut pas être indexé. C’est une méthode simple mais un peu datée. Cependant, lorsque l’on parle des IA génératives comme ChatGPT ou Claude, les règles sont différentes.
Avec le fichier LLMs.txt, l’objectif est de clarifier ce flou. Il permettrait aux éditeurs de dire : « Vous pouvez lire ceci, mais pas cela. » Ou même : « N’accédez à rien. » C’est une sorte de contrat numérique de courtoisie, conçu spécifiquement pour les modèles d’IA.
Un robots.txt pour l’ère des LLMs ?
La comparaison est facile à faire, mais elle n’est pas tout à fait exacte. Là où robots.txt est en général respecté par Googlebot et d’autres, LLMs.txt s’adresse spécifiquement aux crawlers IA utilisés pour l’entraînement des modèles linguistiques. Cela inclut des entités comme Common Crawl, LAION, ou encore les collecteurs d’OpenAI ou d’Anthropic.
Concrètement, à quoi ça ressemble ?
Une syntaxe simple, mais efficace
Le fichier LLMs.txt serait placé à la racine d’un site, comme son prédécesseur. À l’intérieur, des instructions lisibles par les crawlers IA : des informations générales, des conseils et des liens vers des fichiers Markdown détaillés. Voici un exemple fictif proposé dans la documentation de Jérémy Howard :
# Title > Optional description goes here Optional details go here ## Section name - [Link title](https://link_url): Optional link details ## Optional - [Link title](https://link_url)
Vous pouvez voir un autre exemple sur le site d’Anthropic pour comprendre son utilisation réelle. C’est clair, lisible, et potentiellement très utile. Mais son utilisation reste volontaire à ce stade.
Et l’impact légal dans tout ça ?
C’est là que les choses se compliquent. Ce fichier n’a pas encore de statut juridique formel. Il s’agit d’un standard proposé par la communauté technologique (notamment via Hugging Face), mais son respect dépend du bon vouloir des acteurs de l’IA.
Certes, sur le papier, l’idée est séduisante. Toutefois, l’expérience du robots.txt montre que tout le monde ne suit pas toujours les règles.
Vers un nouveau contrat social numérique ?
Qui a le droit de lire quoi ?
C’est une question cruciale aujourd’hui. Les éditeurs sont préoccupés par le fait que leur contenu pourrait être aspiré, digéré, et remixé sans autorisation ou mention. Et on peut les comprendre.
Avec LLMs.txt, l’idée est de rééquilibrer le pouvoir. Offrir aux créateurs un peu plus de contrôle. Un minimum de consentement dans un écosystème souvent trop avide.
Des questions sans réponse (pour l’instant)
Nous en sommes encore aux prémices. Qui respectera vraiment ce protocole ? Un cadre légal sera-t-il nécessaire ? Les gouvernements suivront-ils ? Et surtout, comment s’assurer que votre contenu n’est pas capté par un modèle malgré vos directives ?
Rien n’est acté, mais l’initiative a le mérite de jeter les bases.
Pourquoi vous devriez vous y intéresser (un peu quand même)
Même si vous n’êtes ni juriste, ni développeur, ni éditeur de presse, ce sujet vous concerne. Car il touche à un point sensible : la valeur de ce que nous publions. Que ce soit sur un blog, une newsletter ou un site e-commerce, vos mots ont de la valeur. Et ces fichiers pourraient être les premières étapes vers un respect numérique accru.
Quelques pistes à surveiller
- Les prochaines mises à jour du protocole
- Les réactions des géants du web (Google, Meta, OpenAI…)
- Comment les CMS comme WordPress intégreront cette logique
Et honnêtement, qui souhaite voir ses contenus exploités par des IA sans même un « merci » en retour ?
Dernière chose : ça va bouger vite
Inutile de refondre votre site dès aujourd’hui. Mais garder un œil sur ce sujet n’est pas superflu. Comme souvent dans le numérique, les évolutions se font en silence avant de basculer soudainement.
LLMs.txt n’est pas une solution miracle. Plutôt un signal. Une alerte douce. Et peut-être le début d’une relation plus équilibrée entre les IA et ceux qui alimentent Internet chaque jour. Vous, nous, tous ceux qui écrivent, partagent et créent.
L’article « LLMs.txt : le fichier que les IA ne veulent pas que vous connaissiez » a été publié sur le site Abondance.
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